Colloque « Politiques du spectacle vivant jeunes publics »

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Université Bordeaux Montaigne, OARA, TnBA – Théâtre du Port de la Lune

Politiques du spectacle vivant jeunes publics

La Belle saison fut l’occasion, une quinzaine de mois durant, de mettre en lumière des formes artistiques qui remportent depuis quelques années un indéniable succès et se taillent progressivement une place au sein des programmations des lieux de diffusion. Progressivement car la légitimité du spectacle jeunes publics reste sans doute encore à conquérir peut-être parce qu’il s’agit de formes qui sont moins immédiatement ou pas seulement définies en fonction de critères esthétiques, mais considérées à l’aune de leur(s) public(s), quand bien même ces spectacles ne se destineraient pas seulement à la jeunesse. Sans qu’il s’agisse d’ériger cette « orientation public » contre un principe esthétique qui dominerait ailleurs, force est de reconnaître que la production et la diffusion du spectacle vivant jeunes publics sont fortement subordonnées à la nécessité de toucher un auditoire qui n’accède au lieu de spectacle que si on l’y amène, que si l’on créé les conditions (esthétiques, sociales, administratives…) de rencontre avec l’oeuvre. Ainsi se définit le statut d’un spectacle vivant jeunes publics, valorisé pour ses vertus dans le champ de l’éducation artistique voire du temps péri-scolaire, mais à la légitimité encore relative. Au milieu du gué, le spectacle vivant jeunes publics jouit d’une reconnaissance dont l’ambivalence pourrait expliquer l’impasse sur des questions essentielles : dans quelle mesure les enjeux liés à la citoyenneté et à la formation du futur spectateur occultent-ils, paradoxalement, l’interrogation sur les fonctions politiques plus larges de ces formes émergentes ? Jusqu’à quel point le spectacle vivant jeunes publics participe-t-il d’un renouvellement des méthodes et des paradigmes de l’action culturelle, et suscite notamment des innovations dans le champ de la médiation ?

Pour que cette clôture de la Belle saison ne soit pas que rétrospective, mais constitue une ouverture sur l’avenir, il nous a semblé important de mettre l’accent sur les enjeux et fonctions politiques du Spectacle vivant jeunes publics. Enjeux et fonctions politiques qui recouvrent aussi bien l’interrogation sur la fonction et la signification politiques des oeuvres adressées aux jeunes publics que l’analyse de la place qu’elles occupent dans des politiques publiques en mutation. Objet pluriel, au carrefour entre création et médiation le spectacle vivant jeunes publics conjoint l’esthétique et le politique.

 

Jeudi 10 décembre, OARA – Molière Scène d’Aquitaine – 33, rue du Temple, Bordeaux

Territoires et temporalités

La Belle Saison, et après ? Le voeu, partagé par tous les acteurs, que cette opération nationale permette de renforcer les structures et légitimité du spectacle vivant jeunes publics impose une démarche pragmatique. Aussi a-t-il semblé important de poursuivre la réflexion sur ses conditions de production et de diffusion en questionnant l’espace-temps du spectacle vivant jeunes publics. Ses espaces d’abord : les espaces de diffusion des oeuvres jeunesse, tour à tour familiaux, scolaires, péri-scolaires…, mais aussi l’espace administratif puisque la production du spectacle vivant ainsi que ses dispositifs de médiation, se déploient sur des territoires administratifs précis. Ainsi, au gré du jeu, mouvant, des compétences, l’échelle intercommunale – en charge de « politiques jeunesse » – devient un espace de référence. Et si ces frontières ou découpages de proximité sont importants, on peut également se demander quels espaces de diffusion ou de coopération dessineront les futures grandes régions pour le jeune public.

Temps, ensuite, car les propositions jeunesse varient selon qu’elles s’adressent à « l’enfant » ou au « jeune », catégorie d’âge certes relative mais qui implique une adaptation des objets mis en jeu et des manières de les aborder. Si cette frontière d’âge est floue et mouvante du point de vue des formes esthétiques, elle constitue en revanche une barrière parfois étanche du point de vue des rythmes et temporalités sociales auxquelles sont soumis les écoliers ou les collégiens.

Ces frontières constituent autant de spécificités esthétiques, et culturelles du spectacle vivant jeunes publics ; elles impliquent des modes de production particuliers et supposent que des acteurs très différents inventent des modalités de coopération, à tous les niveaux.

Cette première journée du colloque « Politique du spectacle vivant » se déroulera autour de ces deux axes des territoires et temporalités.

 

Vendredi 11 décembre, Université Bordeaux-Montaigne – Salle Montaigne, esplanade des Antilles, Pessac

Esthétique, politique et jeunes publics

En s’interrogeant sur les « politiques du spectacle vivant jeune(s) public(s) », il s’agit d’interroger, outre la question des politiques publiques, trois « ordres politiques » du spectacle vivant. Politique d’abord, au sens où le spectacle vivant jeune(s) public(s), repose sur une écriture (qu’elle soit dramatique ou scénique) qui aborde et véhicule, à l’instar de la littérature jeune public, des questions d’actualité ou de fond qui agitent le plus souvent la société contemporaine, de la sexualité au racisme en passant par les problématiques environnementales.

Politique encore parce que, par-delà les idées qu’il véhicule, le spectacle vivant jeunes publics propose des poétiques innovantes qui viennent modifier le paysage des écritures et des scènes contemporaines. Ceci rejoint l’enjeu, proposée par Enzo Cormann, d’une « poélitique » c’est-à-dire d’une prise de parole dans l’espace public, adressée à une partie de la population particulièrement sensible, dans tous les sens du terme. En travaillant pour et à partir de l’enfant, cette forme de spectacle acquiert bien évidemment une portée politique essentielle non seulement car elle contribue à former le citoyen de demain comme on le dit communément mais aussi parce qu’elle entend considérer l’enfant spectateur non pas seulement comme un « spectateur de demain », à former et à éduquer, mais comme un spectateur à part entière faisant bel et bien partie de notre cité.

Politique enfin parce que le spectacle dit « jeune public » ne s’adresse finalement pas à l’enfant seul même s’il en est l’un des points d’origine et l’un des points d’horizon mais à l’enfant et à l’adulte dès lors réunis dans une même communauté de spectateurs. La spécificité de ce théâtre se trouve ainsi dans sa capacité à multiplier, en fonction des personnes et des publics, les niveaux de lecture, multiplication qu’illustre la diversité des différentes appellations qui s’attachent à le nommer : « théâtre de jeunesse », « théâtre pour la jeunesse », « théâtre jeune public »« théâtre pour les jeunes publics »

La politique du spectacle vivant jeunes publics ne renvoie donc pas seulement aux intentions politiques des artistes oeuvrant dans ce champ, ni aux mesures de soutien public, elle implique plus globalement les liens qu’entretiennent la création, la pratique collective, et la décision culturelle publique dans le cadre de cet espace-temps particulier créé par la diffusion de ces formes artistiques émergentes. Aussi convient-il de prendre en compte et les enjeux esthétiques du double acte créatif que constituent l’écriture et la production spectaculaire de ces formes, et la nécessaire interrogation sur les enjeux pédagogiques, didactiques et éducatifs qui en sous-tendent l’exploitation scolaire ou péri-scolaire. Cette double approche permettra d’analyser, en France et à l’étranger, la manière dont ces formes de spectacularisation des textes créent les conditions d’un savoir ou d’une appropriation d’un savoir qui appelle une réflexion corollaire sur la médiation.

Université Bordeaux Montaigne – OARA – TnBA
OARA
33, rue du Temple, 33000 Bordeaux
TÉL: 05 56 01 45 67
www.oara.frUniversité Bordeaux Montaigne
Domaine Universitaire – Esplanade des Antilles
33600 Pessa

 

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